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[PORTRAIT] Daphné Thomas, co-lead commission DeepTech

Publié le
29 avril 2020
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Valoriser. Valoriser les entrepreneurs et les membres qui s’investissent dans notre association fait partie intégrante de notre ADN. Parce que les entrepreneurs et nos adhérents sont au cœur de nos actions, nous souhaitons mettre en avant leur parcours et leurs projets. En ces temps inédits et difficiles pour toutes et tous, il faut avant tout rester solidaire et c’est dans cet objectif que nous avons souhaité diffuser une série de portraits.

Voici donc le portrait de Daphné Thomas, co-lead de notre commission DeepTech. En plus d’être engagée dans notre association, Daphné est Directrice des partenariats et de la communication chez Pulsalys.

Découvrez son portrait

Les propos sont restitués d’une conversation enregistrée.

Quelques mots pour te présenter toi et ton parcours ?

Aujourd’hui je suis Directrice des partenariats et de la communication chez Pulsalys. Pour ce qui est de mon parcours, j’ai un double parcours business et scientifique. J’ai commencé avec un doctorat dans les Biotechnologies à Lyon, puis j’ai fait un switch à 180° du côté du marketing de la santé et surtout du conseil et de l’accompagnement des entreprises à innovation ! J’ai donc travaillé dans des sociétés de conseil, marketing opérationnel et stratégique puis dans des structures qui soutiennent le développement des entreprises et startups innovantes de la région. Le fil conducteur : l’innovation, au cœur de toutes ces entreprises que j’ai pu accompagner. Puis dans une logique de “re boucler la boucle” je suis arrivée à Pulsalys il y a maintenant 7 ans. Après m’être d’abord éloignée radicalement du monde de la recherche, travailler ensuite aux côtés ou au sein d’entreprises technologiquement très innovantes m’a donné envie de remonter le courant, en allant à la source de la DeepTech, c’est à dire de ces innovations technologiques de pointe. C’est ce que fait Pulsalys au quotidien : transformer les innovations de la recherche en projets et en startups innovantes et faire de la DeepTech un catalyseur de dynamisme économique !

Peux tu nous en dire plus sur Pulsalys ?

Pulsalys, c’est un constructeur de startups DeepTech. Notre particularité c’est de sourcer les innovations au sein des laboratoires de recherche publics de Lyon et de St-Etienne, de les développer pour qu’elles deviennent les produits et services de demain, et, la plupart du temps, de construire des startups qui vont poursuivre le développement et les amener jusqu’au marché. Nous pouvons aussi dans certains cas les confier à des entreprises existantes qui les intégreront à leur offre de services. Notre accompagnement se fait donc dans la durée et part de l’invention jusqu’à la croissance de la startup : de bout en bout, quand le projet évolue en startup, on passe plusieurs années aux côtés des chercheurs puis de l’entrepreneur qui va prendre les rênes de l’entreprise. À ce titre là, Pulsalys est à la fois un détecteur et un développeur d’innovations DeepTech, mais également un incubateur et un accélérateur de startups. La recherche est un terreau ultra-fertile d’innovations, notre mission est de les rendre accessibles au plus grand nombre.

Qu’est ce que c’est la DeepTech ?

La DeepTech ce sont ces innovations qui puisent leurs racines en profondeur dans la science. On est sur de la science de pointe issue souvent de dizaines d’années de recherche parfois très fondamentale qui peut donner lieu, petit à petit, à des applications concrètes et utiles pour la société. Ces innovations, dites “technologiques”, se distinguent dans le monde de l’innovation car elles ont cette particularité d’avoir de longs temps de développement, coûteux. Pourtant, elles deviennent des produits qu’aujourd’hui on côtoie sans s’en rendre compte ! Beaucoup des innovations qu’on trouve dans le domaine de la santé (médicaments, dispositifs médicaux…), des cleantech (recyclage, nouveaux matériaux…) du numérique (IA,…), ont des origines DeepTech. Bien avant que ce mot n’apparaisse, la France, avec sa recherche de pointe, a toujours été prolifique en innovations DeepTech. Aujourd’hui elle met des moyens pour en faire un véritable levier de dynamisme et de croissance économique

Comment Pulsalys arrive à faire le lien entre la DeepTech et les startups ?

Il y a deux possibilités chez Pulsalys. D’une part, on a une activité “construction startup 100% DeepTech” : des spin-off académiques. Ces startups sont bâties à partir des innovations nées dans les laboratoires de recherche, et prototypées avec le soutien de PULSALYS pour répondre à un marché et à des besoins spécifiques. Dès que le projet atteint un certain niveau de sécurité (d’un point de vue technico- économique), on rentre dans une logique startup. 1er élément fondateur : aller trouver l’entrepreneur qui va prendre les rênes de l’entreprise et à réfléchir non plus au développement du produit en tant que tel mais véritablement au projet de l’entreprise qui va poursuivre son développement. C’est l’objet de notre process d’incubation.

D’autre part, comme avec des entreprises, on travaille également avec des startups qui se tournent vers la DeepTech pour aller plus loin. Il s’agit souvent de startups créées à partir d’un besoin d’usage qui ont déjà commencé à creuser les marchés mais sont confrontées à une réalité au moment de développer leurs solutions : un marché concurrentiel beaucoup plus complexe qu’attendu. Elles ont besoin que leurs solutions soient plus puissantes mais qu’elles soient aussi plus robustes et plus protégées que la concurrence. Ces startups ont donc la nécessité de se construire un patrimoine différenciant, qui peut être apporté par une innovation technologique forte et une stratégie de propriété intellectuelle leur permettant d’assurer leur compétitivité ! Or au sein des laboratoires de recherche, des solutions existent qui sont jusqu’alors inutilisées. Le rôle de Pulsalys, c’est d’ouvrir la porte, faciliter cet échange et aller voir s’il n’existe pas déjà des solutions bien avancées au sein des laboratoires de recherche qui pourraient bénéficier à des startups comme celles-ci, puis de le développer selon le cahier des charges de la startup afin que la solution soit adaptée à leur besoin. D’autre part, en plus de renforcer leur produit et de gagner en compétitivité, acquérir une composante DeepTech ouvre l’accès à ces startups à des financements propres à la DeepTech et à des investisseurs qui misent spécifiquement dessus. Devenir DeepTech apporte un gage de qualité.

C’est important pour toi de travailler dans une structure qui aide les entrepreneurs et les chercheurs ?

Quelque part c’est essentiel ! Pulsalys travaille sur des projets, sur des innovations qui deviendront le cœur des futures startups qu’on accompagne. Et ces projets viennent des chercheurs ! Sans eux, pas d’innovation, pas de startup, ils sont des ressources clés de la réussite de l’entreprise. L’autre pilier, ce sont évidemment les hommes et les femmes qui portent les startups, qui lancent la fusée, ce sont eux qui dessinent la trajectoire et qui, après nous, vont l’approvisionner en carburant ! Sans ces entrepreneurs et ces chercheurs qui font en sorte d’aller dans une même direction et d’avancer le plus vite et le plus efficacement possible, le projet reste une belle innovation technologique et ça s’arrête là.
Notre particularité par rapport aux autres incubateurs, c’est que bien souvent, à Pulsalys, les entrepreneurs que l’on accompagne ne sont pas ceux qui ont eu l’idée de départ car elle vient des chercheurs. La plupart du temps, ce sont donc des gens qui viennent s’associer à un projet déjà existant et amorcé après des années de recherche et concrétisé sous la forme d’un futur produit et d’une future startup. Notre travail, c’est justement d’aider cette association d’entrepreneurs et de chercheurs, de les connecter et faire en sorte que les fiançailles s’opèrent le mieux possible pour avoir une équipe robuste ! Enfin, au-delà de les soutenir, c’est aussi notre rôle et notre devoir de les connecter à tous ceux qui peuvent les aider, en les aidant à construire leur board stratégique, en les inscrivant dans des réseaux. Je suis convaincue qu’ils ont intérêt de se tourner vers différents soutiens et qu’ils seront plus forts à plusieurs !

Comment tu trouves ces entrepreneurs qui viennent se greffer au projet en cours de route pour prendre les rênes de la startup ?

Majoritairement, c’est eux qui viennent à nous. Pour faciliter les choses, nous avons mis en place une base : ProPulse, qui est une sorte de plateforme de matching accessible depuis notre site web www.pulsalys.fr qui à la fois recense les projets de startup en recherche de CEO ou de membres de board, mais constitue aussi une “CV Tech” pour entrepreneurs qui décrivent d’où ils viennent, quelles sont leurs envies, leurs secteurs d’intérêts particuliers. Nos (futurs) entrepreneurs Propulse qui s’inscrivent sont souvent des personnes qui ont déjà une expérience significative de plusieurs années dans un secteur d’activité, qui y ont acquis suffisamment de connaissance, de réseau et d’assurance et qui ont envie de donner à leur vie un nouveau souffle en se lançant dans une nouvelle aventure ! Ils découvrent le métier d’entrepreneur DeepTech, et on les aide avec notre programme d’incubation & d’accélération. Et pour commencer, ils peuvent intégrer le board d’une startup créée, c’est instructif, et cela permet de s’immerger de près dans une startup, et peut-être en porter une soi-même ensuite.

Quels sont, en général, les obstacles des entrepreneurs que Pulsalys accompagne ?

Certains sujets, très technologiques, sont plus complexes que d’autres ! En réalité, les innovations technologiques ont souvent beaucoup d’applications différentes ! Evidemment, Pulsalys travaille le sujet, nous commençons aux côtés des chercheurs à identifier ces applications prioritaires mais même quand on a commencé à développer un produit, la startup a ensuite l’embarras du choix en terme de modèle économique, de segment de marché qu’elle va cibler… Le produit est souvent adaptable à plusieurs marchés ! La difficulté c’est vraiment cette sélection à effectuer sur le départ de cette composante technologique forte.

On peut arriver à se projeter dans un futur produit mais mine de rien, comme on part de la technologie et non pas d’un besoin identifié du marché, la difficulté c’est justement d’arriver à cibler. La difficulté supplémentaire par rapport aux startups qui n’intègrent pas de DeepTech, c’est justement de rendre les innovations technologiques compréhensibles et à les inscrire dans une réalité qui parle à tout le monde… Il faut vraiment mettre les mains dans le cambouis ! Ce n’est pas évident.
Enfin, ces startups sont très gourmandes en fonds, elles ont besoin de lever beaucoup de fonds donc on est sur des entrepreneurs qui, dès la création, vont devoir adopter une logique très tournée sur le financement, la trésorerie, la rencontre d’investisseurs… c’est indérogeable ! C’est le fameux carburant de la fusée.

Quels conseils peux tu donner à ceux qui veulent se lancer dans l’entrepreneuriat ?

Se faire confiance tout en écoutant les autres !
Déjà, c’est important de croire en eux… et en réalité plutôt même de croire en elles ! L’enjeu qu’on a à Pulsalys c’est de faire venir des femmes à bord de nos startups. Je suis convaincue qu’il y a autant de potentiel, si ce n’est davantage, du côté des entrepreneurs femmes ! Et la DeepTech fait sans doute encore un peu plus peur aux femmes que la moyenne des créatrices d’entreprises.
Le deuxième conseil que je peux leur donner : bien s’entourer ! Il y a des accompagnateurs; des incubateurs, des entrepreneurs qui sont à des stades différents… Il faut systématiquement penser à s’entourer et à échanger le maximum pour profiter des retours d’expériences et des conseils des autres.

Et plus particulièrement la DeepTech ?

Bien sur que la DeepTech c’est une opportunité, il y a des trésors dans les laboratoires de recherche et beaucoup sont inutilisés or ils sont portés à la connaissance de tous mais pas accessible à tous et c’est ça le réel enjeu. Pour se lancer dans la DeepTech, il faut quand même avoir effectivement un feu supplémentaire. Tout le monde ne l’a pas mais on aide nos entrepreneurs à l’avoir. C’est une sorte de foi dans laquelle la technologie et la science peuvent être bien utilisés au service de tous.

Pourquoi t’investir dans la dynamique French Tech One Lyon St-Etienne ?

Pour moi, faire partie de La French Tech c’est participer au dynamisme économique de la France par la création de startups. Je suis convaincue que là dessus, la Deep Tech a une vraie carte à jouer. Une bonne partie du renouveau économique peut beaucoup plus s’appuyer sur ces innovations scientifiques dont je parlais.
Lyon et St-Etienne c’est aussi notre territoire, c’est là que l’on source les innovations de la recherche et c’est aussi le territoire d’implantation privilégié de nos startups ! On est sur un territoire commun et c’est un joli territoire qui est assez concentré et dynamique avec ses différences entre Lyon et St-Étienne.
Donc pour moi c’était assez logique de m’investir dans la dynamique French Tech One ! C’est clairement faire en sorte que la Deep Tech participe activement à ce renouveau économique à notre échelle sur le territoire de Lyon St-Etienne avec tous ses atouts : riche, prolifique et dynamique. Du point de vue de la recherche, c’est un territoire qui est aussi très actif, c’est un vrai territoire d’excellence ! On a vraiment tous les ingrédients pour faire en sorte de participer à cette dynamique.

Quel est ton rôle en tant que co-lead de la commission DeepTech ?

Le but de cette commission, c’est de se donner les moyens de créer une place à la DeepTech au cœur du dispositif French Tech. La DeepTech a la particularité d’être sous le feu des projecteurs à l’échelle nationale mais aussi d’être comme une bulle appart. Elle peut avoir un côté intimidant car on est parfois sur des projets qui nous échappent. Or pour moi il est important de rendre la DeepTech plus accessible, à la fois aux autres startups, qu’elles comprennent mieux ce que la DeepTech peut leur apporter. Mais aussi faire en sorte que les fameuses spinoff academic se mélangent avec les autres startups du territoire pour qu’elles infusent et créer plus de mixité. Je pense que c’est tout à fait possible et que c’est à notre portée !
Cette commission DeepTech est toute fraîche et dans ce cadre là, on met en place des actions pour faire en sorte que la DeepTech soit plus compréhensible pour tous, simplifier les termes pour les rendre plus accessibles. Car comme je le disais, aujourd’hui la DeepTech c’est des produits que tout le monde connaît et comprend ce qu’ils ont pu apporter à la société !
Le but est aussi de créer une communauté, les mettre en réseau avec les autres pour partager de bonnes pratiques. Une startup DeepTech à ses particularités effectivement mais c’est une startup comme une autre, elle est confrontée aux mêmes enjeu, aux mêmes difficultés, notamment pour passer en phase scaleup. Et c’est aussi le rôle de French Tech One que d’aider les startups à croître de la meilleure manière possible ! On souhaite faire de ces startups DeepTech des future French Tech 120, des futures belles histoires dont on peut s’en enorgueillir au niveau national

French Tech One en trois mots ?

COLLECTIF” : c’est un collectif, un réseau, pour moi c’est vraiment primordial ! C’est à la fois mettre en réseau les startups entre elles et aussi avec les incubateurs et accélérateurs du territoire. Je suis convaincue qu’on est plus puissant, plus performant si on est connecté à tous plutôt que d’être chacun dans son coin !

DYNAMISME” : en soutenant ces créations d’entreprises et cette croissance d’entreprises, French Tech One a un vrai rôle à jouer sur la redynamisation du territoire, c’est un vrai élan apporté au niveau local en fédérant toutes ces structures que de leur donner un nouveau cap dans l’intérêt collectif !

CROISSANCE” : c’est encore une belle carte à jouer pour la French Tech One. Beaucoup de structures sont en charge de la création, de l’incubation… chacune a son rôle par contre, une fois que les startups sont lancées, French Tech One les aide à soutenir leur croissance ! Il y a véritablement besoin de ce réseau et Lyon et St-Etienne ont cette force d’être des territoires très concentrés qui permettent de croître et devenir de belles entreprises.

Je rajouterais aussi “ONE” : la logique du rapprochement des villes de Lyon et St-Etienne me plaît beaucoup ! Passer de Lyon French Tech à French Tech One. Chaque ville a ses atouts et peut s’enrichir l’une de l’autre. Ce sont des cultures différentes qui peuvent s’apporter énormément, je crois en la mixité des points de vue, à la fois au niveau des publics et des entreprises.

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